Rites/Rituels sacrés


L'union de la musique et du sacré se perd dans la nuit des temps. Pour nous instruire aujourd’hui sur le sujet, seules les fouilles archéologiques nous servent d’appui et de base. Et les découvertes remettent souvent la connaissance actuelle en question. Il y a peu, en Croatie, on découvrait les plus vieux bijoux connus, vieux de 130 000 ans. Il s’agit d’un collier de serres d’aigle qui recule de 85 000 ans la pensée symbolique que l’on attribuait à l’homme moderne (-43 000, -45 000 ans).
Cette découverte « révèle que les pratiques symboliques étaient ancrées dans les cultures matérielles des néandertaliens avant ce que l'on pensait jusqu'à présentElle semble aussi suggérer que les rapaces jouaient un rôle privilégié dans certains systèmes symboliques de ces populations". Rachel Mulot, Sciences et Vie.
Or, c’est le symbole qui nous intéresse, car c’est lui qui crée le lien entre l’humain et le sacré, donc, entre l’art et le sacré. Ce symbole ancestral et toujours vivant aujourd’hui, c’est le chamanisme, ou, si on préfère, l’idée que l’être humain n’est pas exclu de la nature dans sa communication. Et pour en revenir aux griffes d’aigle de Croatie, les études menées sur place tendent à mettre en évidence les liens entre Néandertal et les rapaces. Or, l’aigle est un animal totem très puissant.
On en trouve des traces à travers le monde entier, sur tous les continents, comme plus près d’ici, dans les grottes de Lascaux. Il serait à l’origine, ou tout au moins aurait côtoyé l’hindouisme, le bouddhisme, le taoïsme, voire le christianisme.
Si des bijoux à griffes d’aigle survivent aux affres du temps, la parole et les sons se perdent inévitablement. Nous n’avons pas de sources aussi lointaines.
En 2008, une équipe de l’université de Tübingen explore la grotte de Hohle Fels dans le Jura souabe (Bade-Wurtemberg) et y découvre plusieurs morceaux d’os et d’ivoire appartenant à plusieurs instruments datés à 35 000 ans au carbone 14.
« Le morceau de flûte le mieux conservé mesure 22 centimètres de longueur. L'instrument a été taillé dans un os de vautour et comporte cinq trous. A l'extrémité, une encoche servait manifestement à placer les lèvres. Les archéologues ont remarqué de fines entailles au droit de chaque trou et supposent qu'il s'agit de marques ayant servi au fabricant à repérer les endroits où devaient être réalisées les perforations. Une autre flûte, réalisée dans un os de cygne, plus petite, ne comportait que trois trous. Les chercheurs en ont réalisé une réplique en bois et ont constaté qu'elle produisait une gamme de notes semblables à celle de nombreuses flûtes actuelles.
Pour leurs découvreurs, il n'y a guère de doute. Les Néandertaliens ont peut-être joué de la musique, quelques éléments allant dans ce sens ont été retrouvés et on discute toujours pour savoir si l'os percé découvert en Slovénie en 1995 par Ivan Turk sur un site néandertalien daté de 43.000 ans est bien une flûte. » Jean-Luc Goudet, Futura-Sciences.com

 

La musique, partie prenante du rite

A. Le mystérieux Gamelan

Le gamelan est une musique vivante, quotidienne et sacrée, et dont les origines restent méconnues. La pratique du gamelan est systématiquement liée à la vénération des esprits, selon la tradition hindouiste. De la riche décoration des instruments aux oeuvre musicales, tout est tourné vers la religion.

Rendez-vous à la page sur les Gamelan.

Faisons un test !


En écoutant du gamelan, la musique est-elle nécessairement sacrée ? Les exemples de Claude Debussy, Steve Reich ou Lou Harrison interrogent sur l’intention que l’on met dans l’écoute. Le frontière entre le sacré et le profane est parfois si fine.
La musique elle-même est incapable de renseigner l'auditeur sur son orientation. Sacrée ou non ?

 

B. L'union de la musique au culte avec Jean-Sébastien Bach

Les cantates de Bach

FOCUS SUR LA CANTATE


La cantate est une pièce vocale d’inspiration profane ou religieuse, pour une ou plusieurs voix, composée de récitatifs et d’airs.
Chez Jean-Sébastien Bach (1685-1750), la cantate est une pièce pour chœur à quatre voix, composée sur des textes bibliques et d’inspiration protestante, accompagnée par un orchestre (pas toujours de la même composition) destinée au culte.
Ecoutons le chœur d’ouverture de la Cantate BWV 102, « Herr, deine Augen sehen nach dem Glauben » et dinstinguons-le plus loin du récitatif et de l'air.

1. Choeur :

2. Récitatif :

3. Air :

4. Arioso :

5. Air :

6. Récitatif :

7. Choral :


Qu’est-ce qu’une fugue ?
C’est une œuvre écrite en style contrapuntique et fondée sur le principe de l’imitation. Le thème de la fugue, ou sujet, reçoit une réponse en imitation (généralement à la quinte).

Ecoutons la fugue de cette même cantate :

FOCUS SUR LES MOTS-CLEFS

 

 

 

C. Au Moyen Âge

1. Le Chant grégorien

A l'initiative du pape Grégoire le Grand (540-604), tous les éléments chantés de la liturgie sont recueillis et notés.

Un exemple de la fin du XIième siècle, le Graduale et prosarium sancti Martialis Lemovicensis, provenant de l'abbaye Saint-Martial de Limoges. On y voit la naissance des vocalises et des tropes (adjonction de paroles sous une longue vocalise d'une mélodie donnée, ou l'inverse, le texte sur la mélodie).

Le chant grégorien comme on le connaît aujourd'hui encore dans les missels

 

FOCUS SUR LES MOTS-CLEFS

 

 

 

 

2. Le chant byzantin

Le chant byzantin peut être présenté comme le pendant du chant grégorien. Les principales différences sont la localisation géographique et l’évolution de langage musical. En effet, le chant byzantin se développe en Orient. La tradition du chant liturgique oriental s’est développée dans les régions de l’Empire byzantin où le grec était parlé depuis la fondation de Constantinople en 330 jusqu’à sa chute en 1453. Elle révèle une origine composite s’appuyant sur les traditions musicales de l’ancienne Grèce, de la Syrie et du Judaïsme hellénisant. Constantinople était un important carrefour culturel.

 

 

FOCUS SUR LES MOTS-CLEFS

 

 

 

D. D'autres religions abrahamiques

1. La musique dans les rituels juifs

On prie trois fois par jour à la synagogue ; matin, après-midi et soir.

Les jours de la semaine, on ne chante pas, on réserve les chants pour le shabbat et autres jours de fêtes

Il y a des parties chantées tous ensemble (en général plus simples) et des parties solos réalisées par celui qui dirige la prière (il improvise ou chante sur une mélodie pré-établie). Dans certains lieux c'est toujours la même personne dans d'autres ça tourne, tantôt l'un, tantôt l'autre.

 

Les chants ne portent pas de noms particuliers ; on les appelle par l'intitulé du passage de la prière.

Sauf rares exceptions, il n'y a pas d'instruments dans les synagogues. On trouvait cependant un très bel orgue à l’ancienne synagogue de Strasbourg. L’orgue et le mobilier ont été pillés et revendus en 1940.

On chante en hébreu et en araméen des chants qui ont peu évolué depuis ses 3000 ans d’histoire.

 

Il y a différentes branches et en voici les deux  principales, vues à travers deux versions d’un même chant célèbre chanté pendant le shabbat : Lekha dodi.

Une version Séfarade (parfois orthographié Sépharade) qui suit le judaïsme liturgique espagnol et portugais (en particulier dans la prononciation des mots des prières) :

 

 

 

Une version Ashkénaze (ou Ashkenaze ou Achkenaze) désigne  les Juifs de l'Europe occidentale, centrale et orientale. (Allemagne, Pologne, Russie, dans l'ancien Empire austro-hongrois et aussi dans le reste de l'Europe centrale et orientale). Leur langue vernaculaire est le yiddish (mélange de moyen-haut allemand enrichie d’emprunts à l’hébreu, au polonais et au russe). Les Ashkénazes constituent aujourd'hui la catégorie la plus nombreuse du judaïsme mondial :

FOCUS SUR LES MOTS-CLEFS

 

 

 

2. La musique dans les rituels musulmans

Les deux principaux courants musulmans, dont sont issus de nombreuses ramifications, sont le sunnisme et le chiisme.

Il ne semble pas y avoir dans le Coran de verset interdisant la musique dans la mosquée, pourtant la pratique d’instruments n’est pas autorisée, seule la musique vocale est permise à travers le récit du Coran (fait sur certains modes) et des cantiques. 

La voix : la récitation du Coran se fait sous forme de cantillation (proche de la déclamation; entre l’émission parlée et chantée). Prépondérance de la parole sur la musique.

            - récitation lente du Coran pour inciter à la réflexion : le Tartîl

            - lecture psalmodiée du Coran : le tajwîd

 

 

L’appel à la prière : dhan (en arabe = « appel ») (on dit aussi  L'Adhan, « appel », le Mu'adhdhin ou muezzin : celui qui fait l'appel depuis le "minaret"  le lieu d'où se fait l'appel.)

L'adhan a un peu la même fonction que les cloches dans l’église catholique, c’est un moyen de prévenir les fidèles.

L’adhan rappelle les heures des 5 prières de la journée. Instauré par Mahomet, il peut être entendu dans tous les pays à majorité musulmane. Se présentant sous la forme d'une déclamation entre la parole, la psalmodie et le chant, cette annonce publique comprend des phrases bien définies. C’est le muezzin qui, tourné vers la Mecque en haut du minaret de la mosquée, fait l’appel en oscillant son corps de droite à gauche pour être entendu dans toutes les directions et en se bouchant les oreilles afin de ne pas être perturbé.

Il est aujourd’hui le plus souvent sonorisé, c’est parfois même un enregistrement qui fait office de muezzin.

L’appel à la prière se fait en arabe partout dans le monde (même dans les pays non arabophones). En Turquie, entre 1932 et 1950 il était récité en turc.

 

FOCUS SUR LES MOTS-CLEFS

 

 

E. L’animisme

Conception générale qui attribue aux êtres de l’univers, aux choses, une âme analogue à l’âme humaine   (Larousse)

Qu'englobe-t-on sous le terme animisme ? Des croyances en un esprit, une force vitale animant les êtres vivants, des croyances en des génies protecteurs, le fétichisme (substitut visible d’un esprit auquel on adresse un culte), le totémisme (le totem sous forme animale ou végétale, représente l’ancêtre du clan), le paganisme, les religions polythéistes, les religions traditionnelles africaines, le vaudou, l’hindouisme, le brahmanisme, le taoïsme religieux, le shintoïsme….

Deux exemples :

La musique des pygmées Aka et sa technique de chant particulière appelée le yodel :

 

Jimi Hendrix brûle sa guitare comme dans un sacrifice vaudou

 

 

F. Les chants védiques

L'Ayurvéda Maharishi utilise la musique du Gandharva Véda, le système de musique le plus ancien au monde. Le Gandharva Véda est calculé de façon précise pour avoir un effet positif sur les doshas et sur l'équilibre de toute la physiologie. Cette musique est jouée avec les instruments traditionnels, comme les sitars, les flûtes en bambou, ou les tablas. Chaque raga de l'Ayurvéda Maharishi est prescrit à certains moments de la journée, d'après les listes précises trouvées dans les anciens textes authentiques, en particulier ceux concernant les rythmes et les cycles naturels.

Pour tout connaître sur les râgas

 

 

Minaret de la Grande Mosquée de Kerouan, plus ancien minaret du monde musulman

Eglise de Saint-Nectaire, église catholique

Porte de l’Eglise de Wittemberg où Luther aurait affiché ses 95 thèses en 1517 (évènement clef du début de la réforme protestante)