LA SCÈNE MUSICALE ÉLECTRO ROCKPour comprendre l’esthétique de You Had It Coming, il faut évoquer l’un des mouvements dominants de la musique populaire au seuil des années 1990 et l’explosion de l’électro (terme générique recouvrant plusieurs courants). Deux albums, particulièrement influents à la fois dans l’univers des musiques populaires et chez Jeff Beck, sont à retenir :
« En phase avec le nouveau millénaire, puisque combinant chant d’oiseau (celui d’un merle), mélopées indiennes, drumloops et technologie numérique à son célèbre jeu de guitare épileptique », You Had It Coming apparaît bien comme la continuité du travail débuté avec Who Else! et la tournée qui a suivi. Dans l’article de Loupien, Beck disait de son nouvel opus : « C’est la suite logique du travail que j’effectue sur scène avec mon orchestre. Grâce à celui-ci, j’ai retrouvé ma motivation au terme d’une longue période de doute. Après avoir rencontré un tel enthousiasme durant ma tournée, je me suis dit que le moment était propice à la confection d’un nouvel enregistrement. Même sans chanteur. Je n’ai plus vingt ans, et par conséquent pas de temps à perdre. » In Serge Loupien, « Je n’ai pas encore tout donné », Libération, 13 février 2001. Pour ce nouvel opus, Jeff Beck prend la décision de se séparer d’un complice pourtant présent depuis There and Back, Tony Hymas : « Tony est un type formidable qui a été l’initiateur de plusieurs de mes disques. Il est aussi cinglé que moi, c’est sans doute la raison pour laquelle cela fonctionne aussi bien entre nous. Mais il y avait longtemps que j’avais envie de voir ce que j’étais capable de faire sans lui. C’est pourquoi j'ai choisi de travailler avec Andy Wright, que je ne connaissais que de réputation, et qui a tout de suite saisi ce que je voulais. Les bandes magnétiques sont ma hantise. Elles invitent à recommencer sans cesse, à fignoler indéfiniment au point de gommer toute trace de spontanéité. Là, nous nous sommes contentés d’utiliser la technologie dans un but d’efficacité. Sans jamais nous laisser déborder par elle. » In Serge Loupien, « Je n’ai pas encore tout donné », Libération, 13 février 2001. Pour Beck, « un disque n’est rien d’autre que le fruit d’une humeur que vous fabriquez et fixez. Un mensonge. Tout le monde le sait. Cet album est réussi parce qu’on fait beaucoup de bruit, c’est aussi simple que cela ».
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