BRÈVE HISTOIRE DE LA PÉDALE WAH-WAH

 

Le son de Hendrix, c’est aussi la maîtrise d’un autre effet, celui de la pédale wah-wah. Cet effet « wah-wah » n’est pas spécifique au monde du rock et/ou de la guitare électrique. Il remonte en effet au moins au début du xxe siècle et aux musiciens de jazz. La « wah-wah » (parfois orthographiée « wa-wa ») est, à l’origine, une sourdine à piston utilisée par les cuivres. Insérée dans le pavillon de l’instrument, elle offre une variété de sons divers selon la position du tube coulissant (piston) dont elle est équipée :
– « enfoncé, c’est la “wa-wa” normale, que l’on fait “parler” en déplaçant la main devant l’orifice du tube ;
– tiré […], le son est plus fermé ;
– enlevé, la sourdine devient une “harmon mute”, popularisée par Miles Davis 30. »

 

L’un des premiers trompettistes à utiliser cet effet fut Clyde McCoy, dès la fin des années 1920, dans un
titre intitulé « Sugar Blues », ou bien encore dans le non équivoque « Wah-Wah Lament 31 » datant, lui, du
25 avril 1935 exactement.


 

L’effet « wah-wah » devient dès lors une « marque de fabrique » sonore dans le jazz de la Swing Era. Mais c’est un « hasard » électronique qui donna naissance à cette pédale abondamment utilisée par les guitaristes. Hugues Cornière (Les Objets Cultes du rock, p. 54) raconte que la marque anglaise VOX, créée par la firme Jennings Musical Industries (JMI) au sortir de la Seconde Guerre mondiale, s’allie en 1964 aux Américains de la Thomas Organ Company, basée en Californie. C’est l’époque où se développent les appareils munis de transistors, moins onéreux, en lieu et place des lampes. VOX trouve dans cette alliance des débouchés commerciaux et la Thomas Organ Company travaille à ses propres améliorations sur les appareils importés. C’est ainsi qu’en 1966, alors qu’ils travaillent sur le VOX Super Beatle, une modification est apportée à un des effets destinés à augmenter les fréquences médium : le medium range booster (MRB). Brad Plunkett, un jeune ingénieur, décide de remplacer les composants anglais par un petit circuit de tonalité emprunté à un orgue électrique maison.
« Lors des tests sur haut-parleur, tout le monde est surpris par l’extrême amplitude de modulations lorsqu’on actionne le potentiomètre de gauche à droite. » (Hugues Cornière) Le problème est qu’ainsi installé, l’effet est peu pratique. On décide donc de monter ce circuit dans une pédale de volume actionnée avec le pied. Une pédale à laquelle la firme VOX donne le nom de… Clyde McCoy avant de devenir la célèbre Cry Baby.
Le patron de la Thomas Organ Company demande alors à un ami guitariste (Del Casher) de tester ce nouvel appareil. Le guitariste est séduit, retrouvant peu ou prou les sonorités des trompettes utilisant la sourdine wah-wah et enregistre même un disque de démonstration.

Reste un de ces éternels débats : qui le premier enregistra avec une wah-wah ? Frank Zappa avec « Flower Punk », titre extrait de We’re Only in It for The Money ?

Cream avec « Tales of Brave Ulysses » extrait de Disraeli Gears ?

Au fond peu importe. La wah-wah entrait dans l’histoire et trouvait en Jimi Hendrix l’un de ces plus ardents promoteurs

De nombreux riffs joués avec une wah-wah sont devenus des incontournables. Citons-en deux :
« Voodoo Chile (Slight Return) » de Jimi Hendrix (1968) ;

« Main Theme from Shaft » d’Issac Hayes (1971). On l’entend ici et sur le riff et sur les accords joués par
la seconde guitare.

Sans oublier ce détournement réalisé par David Gilmour dans la partie centrale de « Echoes ».
La pédale avait été (fortuitement ?) branchée à l’envers : la guitare dans la sortie et l’ampli dans l’entrée, ce
qui a eu pour résultat de donner de curieux sons de baleines (ou de mouettes, c’est selon).

La wah-wah, devenue has been, a connu une période de purgatoire dès la fin des années 1970 et l’explosion
punk. On ne la retrouve qu’à la fin des années 1980 avec des guitaristes comme Slash ou Stevie Ray Vaughan.

 

 

Jeff Beck et la pédale Wah-Wah


Dire que Jeff Beck est l’un de ceux qui maîtrisent le mieux le jeu à la pédale wah-wah est presque une lapalissade. Certes, il y eut Hendrix, mais la subtilité que l’on trouve dans le jeu de main droite de Beck se retrouve dans son jeu au pied avec la wah-wah. Il a aussi une particularité que l’on retrouve dans You Had It Coming : la wah-wah enclenchée est stabilisée à plus ou moins la moitié de sa course. Nous évoquons la pédale wah-wah dans notre tuto consacré à « Dirty Mind».

 

LES AMPLIS MARSHALL

C’est dans les années 1960 que Jim Marshall produit ses premiers amplificateurs. Bien qu’au départ il se base sur les spécifications des amplis conçus par Leo Fender, Marshall s’en distingue pratiquement dès le début en choisissant de séparer la tête du corps. Fender avait fait le choix de monter ses amplificateurs et leurs quatre haut-parleurs de 10 pouces dans une seule et même boîte ouverte à l’arrière (ce que l’on appelle un « combo »). Marshall scinde les deux éléments et développe une « tête » désormais détachée d’une enceinte fermée comportant quatre haut-parleurs de 12 pouces. Il utilise également des lampes de préamplification différentes de celles installées par Fender qui permettent à l’amplificateur de saturer beaucoup plus vite.

Le JCM 800 de Jeff Beck


Ampli Marshall JCM800. Spécifications : égalisation 3 bandes ; contrôles de gain, volume et master volume ; 14 préamplis ; 4 amplis de puissance ; 8 simulateurs de haut-parleur ; 18 effets ; 100 presets ; écran LCD ; connectivité Bluetooth et USB ; entrée audio et sortie casque ; logiciel fourni pour ordinateurs et appareils mobiles. Dimension : 590 x 210 x 300 mm ; Poids : 11 kg.
Source : woodbrass.com

Le JCM 800, utilisé par Jeff Beck dans You Had It Coming, mais aussi, et entre autres, par Slash, ZakkWylde ou Tom Morello, est une évolution des modèles d’ampli fabriqués par Marshall. Sorti en 1981, développant 100 watts de puissance, il est typique du son hard rock des années 1980. La fabrication du JCM 800 s’est arrêtée en 1989. Le modèle a alors cédé la place au JCM 900 : celui que nous utilisons dans les tutos analyse en ligne.
Une nouvelle série de JCM 800 a vu le jour en 2002.