LAKME

Léo Delibes (1836-1893)

Pages tirées du dossier proposé par l'Opéra du Rhin à télécharger ici

 

Lakmé en deux mots

Quelque part en Inde, aux temps des colonies.


L’aube s’est levée et les lianes en fleurs jettent déjà leur ombre sur le ruisseau sacré qui coule calme et sombre, comme éveillé par le chant des oiseaux tapageurs. Là, sous le dôme épais du jasmin blanc et des roses, règne une paix profonde : l’aile de l’amour a passé sur le cœur de deux amants encore endormis. Elle est la fille divinisée d’un brahmane indompté qui souffle aux hindous une haine vengeresse. Lui est officier de cette armée anglaise victorieuse qui chasse les dieux de leurs temples séculaires. Il n’aura fallu qu’un échange de regards, aussi fugace qu’un tintement de clochettes, pour leur faire oublier le monde. Mais la réalité s’apprête à troubler leur rêve.

Sabine Devieilhe, Lakmé, Opéra-Comique (c) Stéphane Brion

 

Cinq faits sur ce spectacle

1. Lakmé est un chef-d’œuvre de l’opéra français. Créé en 1883 à l’Opéra-Comique, il n’a jamais été donné à l’OnR et a été joué à Strasbourg pour la dernière fois en 1957.

2. Le français Laurent Pelly, qui a mis en scène plus d’une centaine de spectacles acclamés dans le monde entier, présente pour la première fois une mise en scène d’opéra en Alsace. Il a imaginé un univers dépouillé, tourné vers la tradition du théâtre asiatique et des ombres chinoises. Fait notable, il crée aussi les costumes de ses spectacles.

3.Une brillante distribution intégralement francophone, et notamment la soprano colorature française Sabine Devieilhe, dont Lakmé est l’un des rôles phares, servira ce chef d’œuvre de l’opéra français et ses très beaux airs et duos.

4. Le chef d’orchestre français Guillaume Tourniaire, récemment acclamé en Italie, en Suisse et en Australie, retrouve le metteur en scène Laurent Pelly, avec qui il a collaboré sur Le Songe d’une nuit d’été à l’Opéra de Lille.

5. Ce spectacle est co-produit avec l’Opéra-Comique, où Lakmé a été créé à la fin du XIXème siècle. Les décors ont été réalisés dans nos ateliers de la Meinau, une grande partie des costumes ainsi que les nombreuses perruques ont aussi été confectionnées par les équipes de l’OnR.

 

 

Léo Delibes

 

Léo Delibes en 1891

Clément Philibert Léo Delibes naît le 21 février 1836 dans la Sarthe à Saint-Germain du-Val, d’un père agent des Postes et d’une mère musicienne, fille d’un baryton de l’Opéra-Comique. C’est elle qui lui donne ses premières leçons de musique. À la mort de son père en 1847, il s’installe avec sa mère à Paris et entre au Conservatoire. Il étudie l’orgue, le piano et la composition auprès d’Adolphe Adam, adulé sous la Monarchie de Juillet avec son opéra Le Chalet. Parallèlement à ses études, Delibes est enfant de chœur à la Madeleine et à l’Académie royale de Musique, et participe, à ce titre, à la création du Prophète de Meyerbeer en 1849. Malgré un Premier Prix de solfège en 1850, l’harmonie, la fugue et le contrepoint l’intéressent peu. De fait, il renonce à concourir au Prix de Rome ce qui ne l’empêche pas de commencer une carrière précoce de pianiste dans les salons et de professeur.

À 17 ans, il est nommé organiste à l’Eglise Saint Pierre de Chaillot, dans l’actuel 16ème arrondissement de Paris, et est engagé au Théâtre Lyrique comme accompagnateur. Sa journée se répartit entre orgue la journée et théâtre le soir. Son poste au Théâtre Lyrique lui permet d’accompagner les répétitions de Faust de Gounod, des Pêcheurs de perles de Bizet et des Troyens de Berlioz, et de développer une véritable passion pour le théâtre. Il ne tarde pas à faire ses débuts de compositeur. Sa première opérette Deux sous de charbon, asphyxie lyrique, est créée aux Folies-Nouvelles, théâtre dirigé par Hervé. Le 17 février 1856, La Revue et gazette musicale rapporte : « La musique renferme de jolis motifs qui font bien espérer de l’avenir de Monsieur Delibes ». Repéré par Offenbach, directeur des Bouffes-Parisiens, Delibes compose à sa demande Les Deux vieilles gardes dont le « style aisé et naturel » retienne l’attention de L’Illustration du 16 août 1856. L’opérette remporte un grand succès.

 

En quatorze ans, Delibes compose quatorze opérettes plus ou moins appréciées par le public. Parmi elles, L’Omelette à la folle embuche en 1859, Le Serpent à plumes en 1864, Le Bœuf Apis en 1865, ou encore La Cour du Roi Pétaud créé le 24 avril 1869 aux Variétés. Le 1er mai 1863, Delibes quitte le Théâtre Lyrique pour devenir chef de chœur et second chef d’orchestre à l’Opéra où il découvre le ballet. Le compositeur a alors vingt-sept ans.

 


En 1865, le directeur de l’Opéra, Emile Perrin, lui commande une cantate, Alger, pour la fête de l’Empereur. Face au succès remporté, Delibes est sollicité pour composer les deuxième et quatrième actes d’un ballet, La Source, en collaboration avec le compositeur Ludwig Minkus.
Delibes connaît le triomphe avec un deuxième ballet, Coppélia, créé le 2 mai 1870 et dont la mazurka demeure aujourd’hui encore l’une des pages les plus célèbres du répertoire.

La Mazurka

 

 

La valse de Swanhilda

 

 

Dès lors, Delibes décide de se consacrer exclusivement à la composition. En 1872, il épouse Léontine Estelle Mesnage, fille d’une sociétaire de la Comédie-Française. Ce mariage heureux lui procure une certaine aisance financière. Le 24 mai 1873 a lieu la première de l’opéra-comique Le Roi l’a dit, « le meilleur de Delibes » selon Pierre Lalo. L’œuvre remporte cependant un succès mitigé en raison du renversement, le jour même, du président de la République Adolphe Thiers. Son troisième ballet, Sylvia, est créé le 14 juin 1876.

Sa contribution à l’histoire du ballet demeure considérable. Pour la première fois et avant Tchaïkovski, Delibes confère à la musique de ballet, jusqu’alors purement fonctionnelle, un rôle dramatique. En 1880, il renoue avec le succès grâce à son opéra-comique Jean de Nivelle dont le rôle titre est confié à Jean-Alexandre Talazac, le créateur de Gerald dans Lakmé. Avec cette œuvre, Delibes s’éloigne définitivement de l’opéra-comique léger.

Fort de sa renommée, Delibes est nommé professeur de composition au Conservatoire en 1881. Obligé de se replonger dans les traités, Delibes se révèle un professeur admirable très apprécié de ses élèves. Il enseigne la musique de Wagner, à laquelle il reconnaît des qualités sans pour autant chercher à l’imiter. En 1882, il se rend au Festival de Bayreuth en compagnie d’Ernest Chausson, de Vincent d’Indy et de Camille Saint-Saëns. L’année 1883 est marquée par la création de Lakmé qui remporte un immense succès. Delibes meurt prématurément à Paris d’une congestion le 16 janvier 1891. Il a 55 ans. Il laisse un opéra inachevé, Kassya, créé à titre posthume le 15 janvier 1893 à l’OpéraComique, dans une version orchestrée par Massenet.

 

LAKME

A télécharger : argument et livret

 

Alors que le jour se lève dans le jardin du temple, le brahmane Nilakantha implore les Dieux afin qu’ils abattent leur colère sur l’occupant. Il prend congé de l’assemblée en laissant son peuple sous la protection de sa fille Lakmé, prêtresse de la déesse Dourga. Quand chacun quitte les lieux, Lakmé et sa servante Mallia se dirigent vers la rivière pour se baigner et faire des offrandes florales au dieu Ganesh. Attirés par la curiosité, Gérald et Frédéric deux officiers anglais accompagnés de deux jeunes femmes Miss Ellen et Miss Rose et de leur gouvernante pénètrent dans le jardin. Là ils y découvrent les bijoux laissés sur une table en pierre par Lakmé. Conscients du danger chacun se retire, sauf Gérald qui se plaît à imaginer la beauté de la propriétaire du bracelet. Surpris par le retour de Lakmé et sa suite, Gérald se dissimule dans un massif d’arbustes pour les épier jusqu’à ce que la jeune femme s’en aperçoive. D’abord craintive, elle invite ses serviteurs à la laisser seule afin qu’elle puisse s’entretenir avec le jeune homme. Impressionnée par sa témérité, elle le met toutefois en garde contre la colère de son père. Alors qu’il a juste le temps de s’enfuir, Nilakantha revient sur les entrefaites et comprend que le lieu sacré a été profané. Il réclame vengeance contre le blasphémateur.

 

PRELUDE

ACTE I

No 1 Introduction. Chœur et prière « A l’heure accoutumée »
No 1 bis - Scène « Lakmé, c'est toi qui nous protèges ! » (Nilakantha, Lakmé)

 


No 2 - Duetto « Sous le dôme épais » (Lakmé, Mallika).

Duo des fleurs

 

Dialogue (Miss Rose, Miss Ellen, Gérald, Mistress Bentson et Frédéric)
No 3 - Quintette et couplets « Quand une femme est si jolie » (les mêmes). Dialogue (les mêmes)
No 4 - Air « Prendre le dessin d'un bijou » (Gerald)

 

No 4 bis Récitatif « Non ! Je ne veux pas toucher » (Gerald, puis Lakmé)
No 5 - Récitatif et strophes « Les fleurs me paraissent plus belles » (Lakmé)
No 5 bis - Récitatif « Ah ! Mallika ! Mallika ! » (Lakmé, Mallika)
No 6 - Duo « D'où viens-tu ? Que veux-tu ? » (Lakmé, Gerald)

 


No 6 bis - Scène « Viens ! Là ! Là ! » (Nilakantha, Lakmé)

 

ACTE II

Sur la place du marché, la foule des camelots se mêle à celle des badauds et parmi eux les colons de l’aventure : Mistress Bentson, la gouvernante se fait malmener et voler sa montre, fort heureusement vite secourue par Frédéric et Rose puis rejoints par Gérald et Ellen. Miss Ellen ne sait pas que Gérald, son fiancé doit partir à la guerre. Lui-même l’a presque oublié, encore envoûté par les charmes de Lakmé. Son ami Frédéric lui rappelle pourtant ses devoirs de soldats. Alors que la foule disparaît, un mendiant et sa fille restent sur la place. Ce mendiant, c’est Nilakhanta qui sous ces habits cherche à démasquer le profanateur de la veille. Il oblige alors sa fille à chanter pour l’attirer. Lakmé entonne alors la célèbre «Légende de la fille du paria» et lorsque Gérald apparaît enfin, elle chancelle. Accourant pour la soutenir : le fauteur est démasqué ! Nilkhanta se retire pour préparer sa vengeance et confie alors sa fille à la garde du fidèle Hadji. Celui-ci saisissant la souffrance de sa maîtresse laissent les deux jeunes gens en tête à tête. Lakmé propose à Gérald de la suivre dans la forêt lorsqu’ils sont interrompus par une procession en l’honneur de la déesse Dourga. Surgit alors Nilakantha qui muni d’un poignard vient frapper Gérald avant de se sauver.

No 7 - Chœur et scène du marché « Allons, avant que midi sonne »

 


No 7 bis - Musique de scène avec dialogue parlé • Sortie •
No 8 - Dialogue «Voyez donc ce vieillard»
No 9 - Scène et stances « Ah ! Ce vieillard encore !... Lakmé, ton doux regard se voile » (Nilakantha, Lakmé)
No 9 bis - Récitatif « Ah ! C›est de ta douleur » (Lakmé, Nilakantha)
No 10 - Scène et légende de la fille du Paria (Air des clochettes) « Par les Dieux inspirée... Où va la jeune Hindoue » (Lakmé, Nilakantha)

 


No 11 - Scène « La rage me dévore » (Nilakantha, Lakmé, Chœur, Gérald)
No 12 - Scène et chœur « Au milieu des chants d’allégresse » (Nilakantha, Lakmé)
No 12 bis - Récitatif « Le maître ne pense qu’à sa vengeance »
No 13 - Duo « Lakmé ! Lakmé ! C’est toi ! » (Lakmé, Gerald)
No 14 - Final « Ô Dourga, toi qui renais »

 

ENTRACTE

 

ACTE III

 

Gérald n’est pas mort, juste blessé il est veillé par Lakmé dans une cabane au fond de la forêt. Il lui est reconnaissant de l’avoir protégé et sauvé et accepte de renoncer à sa fiancée en buvant l’eau sacrée qui les unira pour toujours Lakmé part seule à la source chercher cette eau sainte, lorsque Frédéric qui a enfin retrouvé son ami, vivant de surcroît, vient le persuader de rejoindre son régiment et Ellen. A son retour, Lakmé décèle chez son nouvel amant un changement. Il est plus préoccupé par le son des fifres de l’armée anglaise que par celui de sa voix. Se sentant abandonnée, elle lui tend la coupe d’eau sacrée et se détourne pour mordre la fleur empoisonnée d’un datura. Gérald lui jure un amour éternel lorsque Nilakantha survient pour se venger une nouvelle fois. Lakmé bien que défaillante s’interpose en lui révélant qu’ils sont unis à jamais par l’eau sainte, puis meurt dans les bras de celui qu’elle a sauvé.

No 15 - Berceuse « Sous le ciel tout étoilé » (Lakmé)

 


No 15 bis - Récitatif « Quel vague souvenir alourdit ma pensée ? » (Gerald, Lakmé)
No 16 - Cantilène « Lakmé ! Lakmé ! Ah ! Viens dans la forêt profonde » (Gerald)
No 17 - Scène et chœur « Là, je pourrai t›entendre » (Lakmé, Gerald)
No 18 - Dialogue (Gerald, Frédéric)
No 19 - Duo et chœur dans la coulisse « Ils allaient deux à deux » (Lakmé, Gerald)
No 20 - Final « C’est lui ! C’est lui ! » (Nilakantha, Lakmé, Gerald)

 

 

L'orchestre

 

Voir pages 10 à 12, 24 et 25 du dossier pédagogique de Saint-Etienne

Circonstances de composition et création de l'oeuvre

 

Affiche de la création en 1883

En 1880 Léo Delibes a à son actif la composition de trois opéras : Monsieur de Bonne-Étoile (1860), Le Roi l’a dit, (1873) et Jean de Nivelle. Cette même année la soprano américaine Marie van Zandt , surnommée « Miss Fauvette » triomphe en endossant le rôle de Philine dans Mignon d’Ambroise Thomas. Les librettistes Edmond Gondinet et Philippe Gille ayant eux-mêmes assisté à ce succès invitent leur ami compositeur à créer une partition sur mesure ce qui aura pour conséquence d’assurer le succès à la nouvelle œuvre créée.

Marie Van Zandt en 1883, lors de la création

 

Ils s’inspirent alors du roman autobiographique de Pierre Loti Rarahu ou le mariage de Loti, et également des récits de voyage de Théodore Pavie, car c’est bel et bien d’exotisme dont il sera question dans cette œuvre : l’action se déroulant en Inde, ainsi ces auteurs ne feront que renforcer le goût pour l’orientalisme très en vogue à la fin du XIXème siècle. Léo Delibes s’attèle à la tâche au mois de juillet 1881, en témoigne la date laissée à la fin du prélude sur le manuscrit, et la partition sera achevée le 5 juin 1882. Les répétitions commencent alors dès le mois d’octobre, répétition qui seront interrompues car Marie van Zandt – créatrice du rôle-titre – et Jean-Alexandre Talazac – créateur du rôle de Gérald – durent s’absenter pour donner La Perle du Brésil de Félicien David au Théâtre de Monte Carlo. Si l’on pensait pouvoir donner la première au mois de février, il faudra attendre le 14 avril 1883 pour que les murs de la salle Favart résonnent au son de cette nouvelle œuvre.

Jean-Alexandre Talazac

 

L’orchestre de l’Opéra-Comique fut dirigé par Jules Danbé, son chef depuis 1877. La salle est comble et parmi les spectateurs on peut repérer Ambroise Thomas, Alexandre Dumas, Henri Meilhac et Ludovic Halévy – les librettistes de Carmen, Madame Gounod, le librettiste Jules Barbier, et tant d’autres tous conquis par la beauté des mélodies mais aussi par le dépaysement offert par l’histoire. Il faut dire que l’on n’avait pas lésiné sur les moyens pour rendre tout le luxe d’un exotisme comme on l’aimait à cette époque : on parla de 80.000 francs pour les seuls décors signés de Messieurs Rubbé et Chaperon. L’œuvre atteindra sa 200ème représentation à l’Opéra-Comique le 30 avril 1895 et la 1000ème le 13 mai 1931. L’œuvre rayonnera très rapidement à l’étranger, en effet le 3 décembre 1883 elle sera créée à Francfort puis l’année suivante à Rome et Saint-Pétersbourg, en 1885 à Londres 1886 à New York et à Buenos Aires en 1888 avec Adelina Patti dans le rôle-titre. A l’Opéra national du Rhin, l’œuvre n’a pas été donnée depuis 1957 La mise en scène était alors signée de Pierre-André Wolff, la direction musicale de Pierre Stoll. Le rôle de Lakmé était tenu par Adrienne Miglietti et celui de Gérald par Michel Sénéchal.

Opéra-Comique/Opéra Garnier

Lors de sa composition Léo Delibes conçoit Lakmé comme un opéra-comique, c’est-à-dire une pièce qui alterne des passages parlés et des pièces chantées. Si la salle Favart, plus connue sous le nom d’Opéra-Comique y fait représenter exclusivement ce type de répertoire, le style évolue à partir des années 1880 et les dialogues parlés disparaissent pour laisser place à une œuvre entièrement chantée. Il est à noter que jusqu’alors ce type d’œuvre était réservé à la scène de l’Académie Royale de Musique.

Delibes conserve donc à la fois des dialogues parlés et y ajoute des récitatifs. La structure conserve la tradition de l’opéra à numéros. Ce découpage permettait ainsi de proposer des morceaux indépendants et rendait aussi l’œuvre plus commerciale : l’éditeur pouvait ainsi proposer au public un accès «à la carte» à l’opéra avec des airs et duos pour toutes les tessitures (même parfois les plus invraisemblables).

 

Parenthèse historique

L'Inde au cœur de tous les intérêts...
Lakmé se passe en Inde à l'époque de la colonisation britannique. Découvert par Vasco de Gama en 1498, ce territoire exotique va très vite intéresser les Anglais qui en 1600 fondent la Compagnie anglaise des Indes orientales. Après deux siècles de rivalités entre Anglais et Français et une guerre, les Britanniques l'emportent et la Reine Victoria est couronnée Impératrice des Indes (1876). C'est dans ce contexte de colonisation anglaise que se situe l'action de Lakmé, contexte où les divergences de croyances mènent à de nombreuses révoltes populaires. Cependant, si les librettistes Gondinet et Gille tentent de retranscrire ce climat de tension entre populations hindoues et colons britanniques, leur démarche témoigne surtout d'un goût pour l'orientalisme (très en vogue à leur époque) et ne constitue vraisemblablement pas une forme de dénonciation politique.

Voir le dossier de Claire Lingenheim sur l'orientalisme