BEETHOVEN : SYMPHONIE 5

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BIOGRAPHIE

Ce point sera traité individuellement par les élèves. Les ressources sont pléthore sur le net et ailleurs.

 

LA SYMPHONIE : NAISSANCE ET ORIGINES

L’étymologie du terme est grecque : syn «avec » et phoné «son ». L’idée se rapporte à la consonance des sons (un assemblage consonant, agréable à l’oreille).
Si la symphonie est une œuvre pour orchestre traditionnellement divisée en 3 ou 4 mouvements, elle a été à ses débuts une pièce courte intégrée à l’opéra. Elle s’appelait Sinfonia et ouvrait l’œuvre. C’était une pièce purement instrumentale, particulièrement napolitaine. C’était en quelque sorte une symphonie pré-classique. Aujourd’hui, on parle d’ouverture.
Il y avait différentes ouvertures :

- l’ouverture à la française (trois parties : lent-rapide-lent) basée principalement sur le rythme pointé. Exemple : Alcide de Lully

- Ou dans le ballet de Xerxès du même auteur :

- l’ouverture à l’italienne (trois parties : vif-lent-vif), celle qui va devenir peu à peu la symphonie telle qu’on la connaît :
Exemple : Il San Alessio, oratorio de Landi


Notons que Jean-Baptiste Lully, compositeur du roi Louis XIV est d’origine italienne. On comprend aisément les apports et influences entre les deux pays à cette époque.
En Allemagne, chez Telemann, on trouve en 1730 des symphonies pour les repas (Tafelmusik). Sammartini écrit en 1734 la première symphonie qui ait une certaine ampleur. En 1752, il en publie huit : quatre françaises et quatre italiennes.

 


La symphonie en 3 ou 4 mouvements devient le genre favori, celui que l’Histoire retiendra, un genre développé à Mannheim, notamment grâce à Stamic vers 1741.
La basse continue (caractéristique baroque) disparaît peu à peu et les cordes deviennent le noyau de l’orchestre.
La symphonie classique comprend quatre mouvements à partir de 1765.

La basse continue (caractéristique baroque) disparaît peu à peu et les cordes deviennent le noyau de l’orchestre.


La symphonie classique comprend quatre mouvements à partir de 1765.

En cette deuxième moitié du XVIIIième siècle, l’orchestre classique se compose d’un quatuor de cordes :

Environ 6 ou plus violons I
Environ 6 ou plus violons II
De 2 à 7 altos
De 2 à 8 violoncelles doublés par 2 à 5 contrebasses.


A ce cœur de l’orchestre s’ajoutent les vents :

Les bois :
2 flûtes (traversières)
2 hautbois
2 clarinettes
2 bassons

Les cuivres :
2 cors
2 trompettes

Et des timbales (percussions)

 


Ecoutons un extrait de cette symphonie de Haydn pour en dégager quelques caractéristiques (Beethoven n'est pas encore né à ce moment-là !)

 Ecoutons un extrait de cette symphonie de Haydn pour en dégager quelques caractéristiques (Beethoven a 25 ans)

 

Les 9 symphonies de Beethoven sont composées entre 1800 et 1824

1800 : première symphonie
1802 : deuxième symphonie
1804 : troisième symphonie
1806 : quatrième symphonie (dite « héroïque »)
1808 : cinquième et sixième (dite « pastorale »)
1812 : septième et huitième
1824 : neuvième symphonie (celle dont est issu l’hymne européen), une révolution dans l’ampleur de l’écriture et l’emploi d’un chœur dans le dernier mouvement.
1824 : début de la dixième.

Plus précisément, la cinquième symphonie est esquissée en 1803, écrite entre 1805-1807 et créée le 22 décembre 1808 au Theater an der Wien de Vienne.

Durant cette période d’intense activité créatrice, Beethoven écrit de front les symphonies n°4, n°5 et n°6 et d’autres œuvres instrumentales : Concerto pour violon, concerto pour piano n°4, 3 quatuors, Messe en Ut Majeur, 2 ouvertures
Il écrit en même temps les symphonies 4, 5 et 6, en marquant des pauses pour se consacrer davantage à l’une qu’à l’autre. Ainsi, pendant l’écriture de la quatrième, il est plutôt amoureux, il subit des déconvenues et est révolté pendant la cinquième alors qu’il se repose au contact de la nature pendant la sixième.

La symphonie est le genre où Beethoven excelle, où il est particulièrement novateur.

Les 5ème et 9ème symphonies sont les plus populaires ou plus exactement :
- le thème du 1er mvt de la 5ème : comme un « emblème » de la musique « classique »
- le thème du final de la 9ème (« Ode à la joie » : repris comme hymne européen)

 

La 7ème symphonie : connue surtout pour son 2ème mouvement « Marche funèbre » repris encore aujourd’hui au cinéma dans des styles de films très variés.

 

Deux symphonies ont un sous-titre : la 3ème  « Héroïque », et la 6ème « Pastorale »

 

Après Haydn et Mozart, Beethoven apporte une puissance dramatique, un élargissement de la forme et un agrandissement de l’orchestre.

Il développe surtout la section des instruments à vent :

- Symphonie n°3, 1er mvt : 3 cors (ajout du 3ème cor) + 1flûte piccolo + 1 contrebasson
- Symphonie n°5 (entre 1805-1808) 4ème mvt 3 trombones 4ème mvt Allegro
- Symphonie n°9, 4 cors- triangle- cymbales-grosses caisses- chœur + 4 solistes 4ème mvt (à 23’50)

Cette dernière symphonie est une sorte de synthèse entre les genres : symphonie et cantate.

La création de la cinquième s’est très mal passée. En hiver, le 22 décembre 1808, dans une salle très froide, avec un programme de quatre heures (voir ci-dessous) et une audition déjà défaillante, l’orchestre s’est trompé, arrêté, a dû reprendre. L’orchestre n’était pas coopérant : après une seule répétition, le résultat est désastreux. Voici ce qu’écrit Beethoven dans une lettre en 1809 :   « Les musiciens surtout étaient indignés quand par inadvertance une petite erreur dans le passage le plus simple du monde fut commise. J'imposai soudain le silence et criai à tue-tête : Reprenez ! »
Il fait reprendre la Fantaisie du début à cause d’une erreur du clarinettiste.

Programme :


6ème symphonie,
l’air Ah ! Perfido,
le Gloria de sa Messe en ut majeur,
son 4ème concerto pour piano qu’il interprète,
une petite pause puis,
2ème partie,
la 5ème symphonie,
le Sanctus et le Benedictus toujours de la Messe en ut majeur,
une improvisation au piano par Beethoven et, enfin, sa
Fantaisie chorale.


Plus de 4h de programme !!!
La création fut donc un échec.

Beethoven- à la direction ET au piano- n’entend presque plus, il s’énerve (dans une lettre écrite en 1809, il raconte cette soirée ratée : « Les musiciens surtout étaient indignés quand par inadvertance une petite erreur dans le passage le plus simple du monde fut commise. J'imposai soudain le silence et criai à tue-tête : Reprenez ! » il fait reprendre la Fantaisie du début à cause d’une erreur du clarinettiste.
Le succès est venu quelques année plus tard, notamment à Leipzig le 23 janvier 1809 et à Vienne en 1812 puis 1813, en Angleterre en 1816 et en France en 1828.
Ernst Theodor Wilhem Hoffmann (E.T.A. Hoffmann. Compositeur, romancier, dessinateur, critique musical), publie en 1810 un essai intitulé sur la musique instrumentale de Beethoven, dans lequel il donne une critique très positive de l’œuvre. Il associe le terme “romantique” à sa musique et suscite une vraie curiosité. Mais c’est sans nul doute le début si imposant de la symphonie qui marque les esprits.

 

LA SYMPHONIE APRES BEETHOVEN


La symphonie romantique se caractérise au fil du temps par un accroissement de l’orchestre

  • Musique pure : Schubert, Mendelssohn, Schumann, Brahms et Bruckner
  • Musique à programme extra-musical : symphonie à programme (poème symphonique), (Berlioz, Liszt, Mahler…) comme la Symphonie fantastique (1830) de Berlioz

La symphonie au XX° : genre moins prisé par les compositeurs


Turangalîla-symphonie Olivier Messiaen (1908-1992) pour piano, ondes Martenot et orchestre
Symphonie pour un homme seul de Pierre Schaeffer (1910-1995) Pierre Henry né en 1927 : une des œuvres fondatrices de la musique concrète.
Sinfonia 1968-69 L. Berio (1925-2003) pour orchestre et 8 voix amplifiées; travail post-sériel très novateur
(Citations musicales- passages dissonants- utilisation non traditionnelle de la voix )
Color M-A Dalbavie (1961) pour un orchestre symphonique « traditionnel ».
City Life de Steve Reich, ensemble instrumental avec sons échantillonnés, en cinq mouvements.


Tableau des principaux compositeurs de symphonies


Compositeurs

Nombre de symphonies

Caractéristiques- symphonies les + jouées

Joseph Haydn (Autr. 1732-1809)

104-106

12 Symphonies londoniennes
Beaucoup portent des surnoms “les Adieux” : IVème mvt disparition progressive des insruments 2 vls solistes.

W. Amadeus Mozart (Autr. 1756-1791)

41

n°38: “Prague”- n°41 “Jupiter” en ut maj

Ludwig van Beethoven (Alld. 1770-1827)

9

n°3 mib M « Héroïque »- n°6 fa M « Pastorale »
n°9 en ré m avec chœur

Franz Schubert (Autr. 1797-1828)

10

n°8 « Inachevée » en si m 1er et 2ème mvt seulement
n°9 « la Grande » en ut M
n°10 : esquisses pianistiques (3mvts)

Hector Berlioz (franç. 1803-1869)

2

Symphonie fantastique (en 5 mvt- 1830)
Symphonie funèbre et triomphale

Felix Mendelssohn (alld. 1809-1847)

12 +
5

12 de jeunesse et pour cordes seulement
n° 3 « Ecossaise »- n° 4 « Italienne »- n°5 « réformation »

Robert Schumann (alld. 1810-1856)

4

n° 1 « Le printemps »- n° 3 « Rhénane »

Anton Bruckner (1824-1896)

9

n°3 « Wagner-Symphonie »
n°4 « Romantique »

Johannes Brahms (alld. 1933-1897)

4

n°4  mi m - 4ème mvt forme thème et variations

Camille Saint-Saëns (frç. 1835-1921)

5

n°3 en ré m avec orgue

Piotr Ilyitch Tchaïkovski (russe 1840-1893)

6

n°6 « Pathétique »

Antonin Dvorak (tchèque 1841-1904)

9

n°9 « Nouveau Monde » en mi m

Gustav Mahler (1860-1911)

 

9 +

n°1 « Titan »- n°2 « Résurrection
n°5 : 3ème mvt = célèbre Adagietto pour cordes seules
n° 7 « Chant de la nuit » n°8 « Des mille »
n° 10 inachevée (mort)

Proposition de travail : écouter un mouvement en entier d’une symphonie de votre choix (dans le tableau ci-dessus) et en parler.

LA CINQUIEME SYMPHONIE


La Symphonie n°5 est caractérisée par son énergie indomptable représentant la lutte contre le destin (dite parfois symphonie du destin). Elle doit sa popularité au motif de 4 notes qui débute le 1er mouvement: 3 brèves – une longue, appelé thème du destin.
Anecdote rapportée par Schindler : « So pocht das Schiksal an die Pforte » (ainsi frappe le destin à la porte)
Réponse qu’aurait donnée Beethoven à Schindler sur la signification de ces 4 notes.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, le motif s’ancre dans la culture et dans la politique. Utilisé par la BBC pour annoncer les émissions clandestines. Dès que les auditeurs entendent 4 coups de timbales, trois brefs et un long, ils reconnaissent le début de la 5ème de Beethoven ou - en langue morse - la lettre V de victoire.

Dédicataires et mécènes :

Présenté en 1792 à Haydn qui est impressionné et l’invite à venir étudier avec lui à Vienne. Beethoven conscient de sa chance et presque sans attaches familiales à Bonn (sa mère est morte de la tuberculose en juillet 1787 et son père, mis à la retraite dès 1789 pour cause d’alcoolisme, est devenu incapable d’assurer la subsistance de sa famille), Beethoven accepte, et ne reviendra plus en Allemagne (reçoit l’héritage de Mozart et Haydn.
En 1808, Beethoven, fâché avec son principal mécène (Carl Lichnowsky) se voit contraint d’accepter l’offre de Jérôme Bonaparte, plus jeune frère de Napoléon (installé par ce dernier sur le trône de Westphalie) , comme maître de chapelle MAIS grâce aux efforts des princes Lobkowitz et Kinsky et l'archiduc Rodolphe une rente annuelle de 4000 florins est offerte au compositeur pour qu’il ne quitte pas l’Autriche.


Carte d’identité de l’œuvre

Symphonie n° 5 de Ludwig van Beethoven en ut mineur, opus 67

Genre

musique symphonique

Composition

entre 1804 et 1808

Dédicaces

À son Altesse Sérénissime Monseigneur le Prince régnant de Lobkowitz, duc de Raudnitz et À son Excellence Monsieur le comte de Razumovsky

Création

le 22 décembre 1808 à Vienne

Forme générale

symphonie en quatre mouvements :
I. Allegro con brio
II. Andante con moto
III. Allegro
IV. Allegro

Instrumentation

bois : 1 piccolo, 2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons, 1 contrebasson
cuivres : 2 cors, 2 trompettes, 3 trombones
percussions : timbales
cordes : violons 1 et 2, altos, violoncelles, contrebasses
Précisions
le piccolo, le contrebasson et les 3 trombones n’apparaissent que dans le IVème mouvement
les trombones étaient jusque-là réservés à la musique religieuse

Beethoven peint par Michel Katzaroff

Première page manuscrite

 

On trouve éventuellement ce fameux motif de trois notes dans d’autres œuvres de Beethoven :
Final de la cinquième sonate opus 10 n°1
Le presto du cinquième quatuor opus 18 n°5
La coda du premier mouvement du troisième concerto opus 37
Le thème du quatrième concerto opus 58
Le premier mouvement de la sonate opus 57
Cette unité thématique génère l’œuvre entière. Ce phénomène s’observe chez d’autres compositeurs :
Les danses baroques chez Händel, le Carnaval de Schumann, la Symphonie fantastique de Berlioz, en sont des exemples.

La particularité de ce motif générateur de l’œuvre : impossible de trouver la tonalité au début !

PREMIER MOUVEMENT Allegro con brio


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DEUXIEME MOUVEMENT Andante con moto


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TROISIEME MOUVEMENT Allegro


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A la dix-septième minute :

 

 

QUATRIEME MOUVEMENT Allegro - Presto


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A la vingt-deuxième minute :