Et exspecto resurrectionem mortuorum, 1964

Document proposé à la session de juin 2018

La partition (troisième mouvement à la page 32)

L'extrait en question

Le même extrait avec Olivier Messiaen qui commente

C'est au musicien croyant et à l'homme qui fût interné dans un camp pendant la deuxième guerre mondiale qu'André Malraux commande une oeuvre pour célébrer les morts des deux Guerres mondiales. Et Expecto Resurrectionem Mortuorun (et j'attends la résurrection des morts) fut créée le 19 juin 1965 à la Cathédrale de Chartres en présence du Général De Gaulle. En tant que chrétien, Olivier Messiaen déclare ne pas croire à la mort. Et Expecto Resurrectionem Mortuorum est composée de cinq pièces qui chacune commente un texte de l'Ecriture Sainte consacré à la résurrection des morts et à la vie des temps glorieux qui y feront suite.

Troisième mouvement : "L'heure vient où les morts entendront la voix du Fils de Dieu". Evangile selon Saint-Jean, chapitre 5 verset 25 :

En vérité, en vérité, je vous le dis, l'heure vient, et elle est déjà venue, où les morts entendront la voix du Fils de Dieu; et ceux qui l'auront entendue vivront.

Eléments d'inspiration utilisés : le chant de l'uirapuru et les cloches

Sans autre moyen que l'écoute, mais avec quelques notions au sujet d'Olivier Messiaen, l'auditeur entendra les chants d'oiseaux et les cloches.

Ces deux éléments ont une symbolique très forte.

Les cloches sont intimement liées au divin. Dans cette étude, vous trouverez de multiples fonctions liées aux cloches.
La cloche appelle et annonce. Or, justement, chez Messiaen, il est l'heure ! Ici, les cloches symbolisent l'appel du Fils de Dieu.
L'intervalle entre les sons (toujours les mêmes, d'ailleurs, dans toute la pièce) est une quinte ou une quarte. Mais pourquoi deux intervalles de quintes diminusées ?

L'oiseau d'Amazonie, l'uirapuru.

Le chant de l'uirapuru est si mélodieux que les autres oiseaux arrêteraient de chanter pour l'écouter.
Son chant fait des sauts de grands intervalles et des changements de dynamique.
On ne le voit jamais.
Selon la légende, on l'entend au moment où on va mourir.

Après le chant de l'oiseau et les cloches, les morts se réveillent.

Les notes graves sont très présentes (profondeur, les morts se réveillent en profondeur, même au niveau de la conscience). Les durées sont très longues (résonances très longues, comme éternelles)

A retenir pour Messiaen :

- l'importance des oiseaux
- l'importance du sacré
- le rythmes non-rétrogradables
- les modes à transpositions limitées.